Les coups médiatiques de Civitas

Les coups médiatiques de Civitas

Avril 2011 : L’affaire du Piss Christ

En avril dernier, pour protester contre l’exposition dans un musée d’Avignon du « Piss Christ » d’Andres Serrano, une photo d’un crucifix plongé dans un verre d’urine, l’institut avait multiplié les tracts, lettres aux organisateurs et élus, pétition (signée par plus de 80.000 personnes) pour obtenir le retrait du cliché. Il dénonçait une oeuvre « blasphématoire et scandaleuse au cœur de l’ancienne cité des papes ». Un avis partagé par d’autres associations catholiques et par l’évêque d’Avignon, qui avait également demandé le retrait de l’œuvre. Le 16 avril, une manifestation organisée par Civitas avait rassemblé entre 500 et 1500 personnes. Le lendemain, un groupe armé de marteaux était parvenu à vandaliser l’oeuvre en question. Si Civitas n’a pas appelé publiquement à un tel acte de vandalisme, Alain Escada a indiqué : « je ne condamne ni de cautionne ce geste ».

Automne 2011 : La mobilisation contre la « christianophobie »

 En appelant dès le mois d’octobre à manifester contre deux pièces de théâtre, Sur le concept du visage du Fils de Dieu de Romeo Castellucci et Golgota picnic de Rodrigo Garcia, jouées aux quatre coins de la France, l’institut Civitas veut mobiliser plus globalement les catholiques contre ce qu’il nomme la « banalisation de la christianophobie », incarnée selon lui par ces deux pièces. Au programme : prières collectives devant les théâtres, lettres aux organisateurs et élus, etc. Le 30 octobre, à Paris, ils sont près de 2.000 à se réunir. Parmi eux, des fidèles et prélats intégristes, brandissant des drapeaux tricolores ornés du Sacré coeur, symbole de la France catholique, mais aussi des catholiques diocésains (appartenant à l’Eglise). En fermeture de cortège, des membres de groupuscules d’extrême droite sont aussi remarqués. En marge de ces actions, des opérations plus musclées s’ajoutent au mouvement. Le 20 octobre, des jeunes du groupe nationaliste « Renouveau français » (RF), proche de la Fraternité Saint Pie X et friand d’actions coup de poing, ont interrompu le spectacle en s’invitant sur scène. Alain Escada affirme « cautionner totalement cet acte »… Dans un autre genre, en 2010, RF s’était illustré pour avoir perturbé une manifestation de mouvements homosexuels à Paris, scandant des slogans homophobes du type « Pédés, pédés, foutez-nous la paix », « Pas de défilé pour les enculés».

Et en Belgique ?

 Depuis qu’il tient les rênes de Civitas, Alain Escada affirme que son ASBL Belgique et Chrétienté « vivote ». En octobre dernier, cette association a néanmoins appelé à protester contre la tenue de la pièce « Le Vicaire » de Rolf Hochhuth au Théâtre royal des Galeries. Elle dénonçait ce qu’elle voyait comme « une entreprise communiste de falsification de l’histoire en vue de dénigrer et affaiblir l’Eglise catholique », la pièce mettant en scène le refus de Pie XII d’entendre la réalité de l’Holocauste pendant la Seconde Guerre mondiale, en romançant l’histoire et créant des personnages fictifs. Mais son appel a été peu suivi et son action est passée inaperçue. « Nous n’avons reçu que 5 mails et avons eu la visite à deux reprises de quelques jeunes », explique Fabrice Gardin, qui a adapté la pièce en question. « Lors de la création de la pièce en 1966 à Bruxelles, les réactions avaient été bien plus violentes ».

Pour Alain Escada, c’est désormais dans l’Hexagone que les choses sérieuses doivent se dérouler : « Je crois que la France, fille aînée de l’Eglise, a une mission particulière. De la même façon qu’elle a fait naître la Révolution française, qui a négativement influencé le monde entier (sic), en menant à la négation de Dieu et en faisant émerger une vision où l’individu prime sur le bien commun, elle a maintenant une mission positive à mener ».

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